Le théâtre de Ionesco est un théâtre de mouvement. Les personnages sont tous très mobiles sur la scène car ils disposent d'une énergie intarissable. Même si cette énergie n'est pas toujours bien utilisée les vieux dans "Les chaises" ou encore par le professeur dans "La leçon" il est clair que toute la narration s'appuie sur l'action des personnages. Si le théâtre de Ionesco peut paraître absurde c'est parce que les personnages sont mus par leurs pulsions "Le tueur sans gage" plus que par leur raison. Ainsi il peut être difficile d''analyser les comportements et les mobiles des personnages."Deux états de conscience fondamentaux sont à l'origine de toutes mes pièces [...] l'évanescence et la lourdeur.
Un maître d'école sadique et pervers enseigne les mathématiques à une jeune fille qu'il terrorise au nom d'un soit disant savoir. Plus l'élève va apprendre et plus elle sera tancée sévèrement par ce maître intransigeant. Le maître aura beaucoup de plaisir à casser la personnalité de l'élève à en faire son souffre douleur. La joie du professeur grandira avec le découragement de l'élève.
Deux vieillards imaginent désespérément avoir une lourde tache à accomplir. Leurs illusions témoignent de leur fin de vie. Les chaises et les portes sont les seuls décors matérialisant les invités invisibles! Les deux vieux sont entraînés involontairement dans une discussion tumultueuse avec les invités imaginaires. Ces invités de plus en plus nombreux plongent la scène dans une effervescence allant jusqu'à la panique. C''est à ce point précis d''apothéose que les deux vieux se défenestrent réellement et mortellement.
Un mystérieux tueur à gages s'en prend à certains habitants d''un quartier. Bérenger se met en tête de l'arrêter en menant sa propre enquête. Une fois retrouvé il déploie toute son énergie pour raisonner le tueur. Il fait preuve de tant d''obstination que son langage semble encore plus fou et insensé que la froide détermination du tueur. Bérenger sera la nouvelle victime de ce tueur inflexible.
En pleine course après le pouvoir les officiers enchaînent les trahisons et les coups d'état. Le pouvoir est incontrôlable et il suffira que Macbett l'approche pour en être aussitôt dépossédé par un tyran encore plus vil que lui. (version humoristique du drame Shakespearien).
Lors d'un repas, une famille anglaise échange des banalités. Plus le repas avance et plus les propos deviennent incohérents. Chacun à son tour, les convives se mêlent à ce tourbillon de réflexions prosaïques et sans queue ni tête : le ton de tout ce tohu-bohu va crescendo. L'arrivée du pompier accélère le rythme de la conversation et fait parfois place à un questionnement existentiel.
Bérenger assiste impuissant à la propagation d'une épidémie de mutation humaine en rhinocéros. Sa vie professionnelle et ses loisirs en seront bouleversés. L'animal dangereux et incontrôlable sème la zizanie partout. Les sentiments d'amour et d'amitié que ressent Bérenger sont mis à mal quand sa femme et ses amis se transforment à leur tour. Bérenger perçoit la mutation comme un mal être sévère de son entourage.
Choubert est victime d'un interrogatoire musclé et humiliant par un Policier sans scrupules. Au sens médical le Policier est le psychanalyste de Choubert. A chaque séance Choubert va creuser son histoire et se remémorer péniblement des phases douloureuses et refoulées de sa plus tendre enfance. Choubert reproche à son père de l'avoir abandonné avec sa mère pour une autre femme. Il souffre de la dislocation du couple père-mère.
Un roi lutte pour vivre mais il sent son corps s'engourdir sous l'emprise de la mort. Le Roi livre un véritable combat à la mort : il s'acharne à la repousser encore et encore. Ni l'amour, ni la médecine, ni la royauté n'ont d'emprise sur cet événement biologique. Le roi, désarmé face à son adversaire, sent la panique l'envahir crescendo et le tétaniser jusqu'à l'immobilisme.
Trois personnages se croisent et prennent réciproquement de leur nouvelles. Les questions fusent de l'un à l'autre. Seuls les adverbes semblent avoir assez de force pour exprimer leurs conditions. Placés bout à bout à un rythme sans mesure les spectateurs finissent par en avoir le vertige!
Continuellement Jacques est sauvagement humilié par ses parents et sa soeur. C' est un objet sans conscience déshumanisé. Sa mère, ultra possessive, l'assimile à son souffre douleur. Elle exige de son fils une obéissance quasi pathologique. Ses parents décident pour lui de son mariage avec Roberte II, tout comme ils choisissent son alimentation! Jacques est le pantin désarticulé de toute la famille.
Grands-parents et parents expliquent puis encouragent vivement Jacques et Roberta à devenir parents. Il faut faire des bébés pour la survie de la race! La famille semble faire pression sur les jeunes amoureux.
Récit autobiographique ou Ionesco donne la parole à Jean pour ranimer de vieux conflits avec son père. Cette pièce plus qu'une autre a une portée psychanalytique puisque l'auteur peut parler de conflits intérieurs violents en rapport à l'argent et aux relations affectives avec son père. Tous les interlocuteurs de Jean sont morts, ce qui ne les empêche pas de souffrir dans l'au-delà!
Courtes scènes incisives et dynamiques. Dans la bouche des personnages s'entrechoquent une multitude d'idées contradictoires et souvent grotesques à un rythme vertigineux.
Ionesco est visité par 3 producteurs ou critiques de théâtre: Bartholoméus 1, 2, 3 qui vont le questionner sans relâche sur le contenu de sa nouvelles pièce. Commence un débat impétueux sur les règles et les objectifs inaliénables de la dramaturgie du théâtre. Ils définissent les échanges acteurs-spectateurs.